Chez Vautrait, la collection printemps-été 2026 se lit comme un poème dédié au temps. Ici, rien n’est neuf, tout renaît. Les vêtements semblent surgir d’un autre siècle — un pan de manche retrouvé dans une armoire oubliée, un fragment de soie effleurant une autre vie, un bouton rescapé d’un marché couvert de poussière.
Chaque pièce porte le souvenir d’un sommet, d’une soirée, d’une histoire où elle fut un jour au centre du monde. Puis le silence. Les années passent, et le drame se réduit à un simple tissu, une senteur fanée.
Vautrait ne cherche pas à aligner ces fragments selon une logique ou une chronologie. Ils forment plutôt une constellation. Des objets sans appartenance qui, par leur proximité silencieuse, apprennent à se reconnaître.
Travailler ces souvenirs, c’est accepter d’habiter la mémoire d’un autre. Ce n’est pas “concevoir” une collection, mais offrir une scène : un espace où ces présences couvertes de poussière peuvent à nouveau exister, se répondre, se frôler.
Dans ce théâtre lent du retour, la notion de nouveauté s’efface. Ce qui fut célébré et ce qui fut oublié partagent désormais la même lumière. Les débuts prennent la forme de restes, et la mode cesse d’être une course vers l’inédit pour devenir une écoute du temps.
Chez Vautrait, chaque couture devient une trace, chaque étoffe une mémoire. Le vêtement n’est plus un objet de désir, mais un langage à travers lequel le passé murmure encore.