Nos vêtements traduisent nos rôles. Entre formalité et décontraction, travail et intimité, ils racontent l’équilibre fragile de la vie moderne. Pour sa collection Automne-Hiver 2025-2026, Alain Paul s’inspire de la figure du danseur, cet être en perpétuelle oscillation entre l’exigence de la scène et l’abandon du hors-champ.
La silhouette suit cette dualité : taillée pour le mouvement, sculptée par l’instant. Le tailleur, habit codifié du formel, se déleste de ses conventions – sans revers, sans col, sans poches, il perd sa rigidité pour dialoguer avec des pièces plus libres. Vestes en laine traçable, cachemires issus de stocks dormants de maisons de luxe, manteaux en nylon matelassé et robes en soie lourde s’entrelacent, jouant l’alternance entre immobilité et élan, théâtralité et réalité.
Le corps, lui, imprime sa trace. Des nylons froissés, des soies recyclées cousues pour accompagner le mouvement, des robes et jupes en lainage pivotant autour du corps : chaque pièce amplifie le geste, floute la symétrie, invite à une nouvelle lecture du vêtement.
Puis vient le relâchement. Comme un costume qui se défait une fois le rideau tombé, les chemises plissées et robes volantées semblent s’ouvrir sur la peau. La maille irrégulière, conçue à partir de bas et collants récupérés, brouille les contours du corps. Le cuir et le denim usé, parfois peint à la main, racontent la résilience, la mémoire du mouvement, l’empreinte du temps sur ceux qui dansent – sur scène comme dans la vie.