Mardi 16 octobre, direction le Marais pour une rencontre survitaminée avec la jeune artiste Suzane. Combinaison bleue et franc-parler seront les maîtres-mots de cet épisode. Quelques jours avant son passage au MaMa Festival, elle nous transporte le temps d’une soirée dans son univers. Cette chanteuse aux multiples talents se livre et se délivre dans une interview sans concession, le tout immortalisé par le photographe Quentin Simon.
Après des années passées au Conservatoire, la danse classique comme seul bagage, la jeune avignonnaise quitte tout pour monter sur Paris. ‘La technique avait dépassé le plaisir‘. Usée, fatiguée par la routine, elle refuse de plus en plus les contraintes imposées par le haut niveau. Devenir une Femme, oui, mais pas au prix de tous ces sacrifices. La mort d’un ami danseur ne va rien arranger. Décédé d’une rupture d’anévrisme, la jeune femme de 17 ans va se retrouver confrontée au monde des adultes. Perdre un proche, une dure épreuve ! L’envie de continuer de danser, de progresser, de s’asseoir encore sur les bancs de l’école, tout ça avait disparu…
Fini le train-train, elle a besoin de souffler, de se changer les idées. Un seul mot résonne : partir. Elle redécouvre la danse, non pas sur les parquets du Conservatoire, mais en boîte. ‘Je suis beaucoup sortie à cette époque‘. C’est là qu’elle découvre Daft Punk, Justice ou encore Vitalic. L’électro, un nouveau leitmotiv. Elle se reconnaît dans cette musique et reprend de nouveau goût à la danse. Plus de technique, juste le plaisir de bouger comme elle le souhaite.
A la maison, sa famille écoutait des chansons françaises : Piaf, Barbara, Renaud, Brel… Elle aime les mots et voue une affection toute particulière à la langue française. Elle aime aussi bien les vieux classiques que le rap (Orelsan ou Vald). Elle redécouvre la musique à travers le mouvement du corps. Elle a toujours aimé chanter – dans sa douche, dans les couloirs du Conservatoire – sans prétention, sans prise de tête, juste pour le plaisir. Une période étrange pour elle, seule dans cette nouvelle vie parisienne, elle commence à écrire, à poser des mots, sans forcément en faire des chansons, simplement des mots, des bouts de phrases. C’est parti de là ! La musique et la danse ont toujours été dans sa vie.
Elle enchaîne les petits boulots, continue d’écrire, subit la pression de son entourage sur cette décision de devenir chanteuse. Elle multiplie les petites salles et y prend goût. Gênée d’interpréter les titres des autres, elle ne rêve que d’une seule chose : chanter ses propres morceaux, mais la route est encore longue.
Suzane, un nom de scène. ‘Je voulais rester anonyme. Pouvoir me cacher derrière un prénom qui n’est pas le mien.‘ Suzane, le prénom de sa grand-mère. ‘Etre un personnage sur scène est rassurant. On laisse de côté toute sa vie perso pour devenir cet artiste’. Elle voulait un nom qui aille avec ‘sa voix étrange‘. Suzane était tout trouvé.
A la recherche d’un arrangeur, un ami lui recommande de contacter Chad Boccora (manager d’Eugénie et Foé). ‘J’avais déjà mes compositions mais j’avais besoin de quelqu’un qui puisse me guider vers les bonnes personnes. Nous nous sommes vus plusieurs fois. J’avais déjà une vision bien définie de mon projet. L’esthétique de mon univers était déjà dessinée. Il m’a épaulé, conseillé, fait signer chez un label.‘ Elle avance, continue d’écrire. En tant que serveuse, elle regarde beaucoup les gens et laisse ses oreilles se glisser dans les conversations. ‘C’est facile quand on est serveuse, on entend toujours tout, même des choses que l’on ne devrait pas entendre‘.
Elle s’inspire de son quotidien dans ses textes. Des sujets de tous les jours, des sujets communs à tous, des discussions de comptoir. ‘Je raconte des choses du quotidien où chacun (ou presque) peut s’identifier. Mes chansons parlent de la vraie vie‘. ‘L’insatisfait’ : un client tout particulièrement mécontent. ‘La Flemme’ : une simple flemme qui se transforme en paroles. ‘On est tous un peu flemmard‘. Le plus important est que le message soit perçu de la meilleure manière : de façon brute et franche.
Ses chansons se conjuguent au rythme de la pop et de la musique électronique. Des morceaux catchy, fun et accrocheurs qui lui permettent de se libérer. ‘C’est un peu le même sentiment qu’avec la danse. Je voulais pourvoir me lâcher, pouvoir danser sur scène sans pour autant faire le mouvement parfait‘. Une esthétique teintée de manga et de K-pop ; une référence à sa jeunesse, à ses parties de Tekken avec son frère, ou à son père, fan de Bruce Lee. Elle adore les couleurs, les costumes.
La combinaison, un hasard ? Bien au contraire, une idée bien définie. Elle souhaitait un vêtement de scène qui puisse être avant tout confortable. La combinaison s’y prêtait parfaitement ! ‘Romain Antonini, a qui j’ai confié toutes mes inspirations a dessiné cette combinaison. Elle a ensuite été confectionnée dans un petit atelier à Montmartre. Elle évoluera sûrement un jour, mais pour l’instant, elle me correspond parfaitement.’
Le mouvement, le point de départ de beaucoup de ses choix. Indépendamment de la danse, elle souhaitait qu’il soit omniprésent dans ses clips. Nicolas Huchard et Neels Castillon ont su capturer avec brio l’essence même de cette notion. Des clips vivants, épurés, où les corps sont mis en avant.
Souvent comparée à Stromae, c’est un artiste qu’elle admire beaucoup. Rappelez-vous ses ‘Leçons’ ! De parfaits tutos qui donnent l’impression que tout est possible et facile, même seul ! ‘Pas si facile au final‘. Des souvenirs plein la tête, elle grandit de scène en scène, de festival en festival (Solidays ou les Francofolies de La Rochelle), elle n’attend qu’une seule chose : voir les gens danser sur ses titres et sentir cette adrénaline dans la salle. Elle sera prochainement en concert aux Étoiles (déjà complet), le 16 avril à la Gaîté Lyrique et bientôt dans toute la France. Soyez prêts à danser ! Nous attendons la sortie de son album avec impatience !