Cette histoire démarre un soir de décembre à L’air Libre, à Saint-Jacques-de-la-Lande, à l’occasion des 38èmes Trans Musicales de Rennes. Un concert envoûtant, déstabilisant, un charisme à couper le souffle, Flora, de son prénom, déclenche en moi quelque chose qui ne s’explique pas. “C’est ceux qui aiment qui ont raison” nous dit-elle.
Intrigué par ce personnage limite irréel, par sa danse singulière, ses pas cadencés, sa nonchalance et sa voix si déroutante, je décide d’en savoir plus. C’est ici que commence le récit de ma rencontre avec Fishbach. Simple, naturelle, sans artifice, une fille “à la famille chanmé”, pas de paillette, pas de strass, elle se dévoile en toute transparence et me raconte sa vie, ses déceptions, son évolution, ses réflexions.
Loin du personnage qu’elle propose sur scène, on échange quelques mots, la fumée s’échappant de sa bouche. Fumer et chanter ne font pas bon ménage. Arrêter : sa fausse résolution de 2017.
Inspirée par ses histoires personnelles, celles de ses proches, elle ne cherche pas l’histoire parfaite, elle la façonne. “Un chewing-gum sur un trottoir a aussi une histoire”. Sa vie “est un spectacle”. J’imagine son père en Indiana Jones, couteau à la ceinture, sa mère en Dalida faisant le show dans la cuisine.
Extrêmement exigeante avec elle-même, elle se remet régulièrement en question pour affiner ses textes, ses compositions et trouver le mot juste. Sa musique change, elle évolue, grandit avec elle. Ses tournées “ressemblent à de la télé-réalité”. Son groupe et elle ne font qu’un. “Sa seconde famille” me dit-elle.
Elle aime la musique 80’s, danser dans sa chambre, pianoter sur ses synthés, se souvenir de l’adrénaline qu’on ressentait avant de rentrer en boîte – “mais oui, rappelle-toi, ce moment où tu viens de faire 200 bornes avec tes potes et tu ne sais toujours pas si tu vas rentrer, tu entends la vibration de la basse à l’extérieur” – elle aime le mot processus, jouer à la console, ces musiques qui font ‘pom pom pom’ que tu retrouves dans les vieux films fantastiques de l’époque.
Beaucoup de monde la compare, s’interroge, je me laisse simplement porter par la musique. Ce trublion de l’électro-pop française vient bousculer les codes pour nous proposer un album de haut vol. “J’adore le mot flâner”. “J’aime ne pas savoir”. “Je m’entraîne à la vie”. Des phrases sorties de leur contexte qui ont pourtant du sens.
Ne cherchez pas à tout savoir, amour ou mort, ces thèmes raisonnent dans sa tête et l’inspirent dans ses chansons ! Elle pose ses mots tel un métronome sur ses notes. “La petite sorcière” de son enfance a bien changé. Elle ose et si ça ne vous plait pas, tant pis. Découvrez dès maintenant ‘A Ta Merci‘, le premier album de Fishbach signé sur le label Entreprise. Merci à Quentin Simon pour les photos.