Dans l’effervescence de Dover Street Market Paris, Charles Jeffrey Loverboy a présenté sa collection Automne-Hiver 2025-2026, une déclaration viscérale et sans compromis, intitulée « I Am a Product ». Cette soirée exclusive, baptisée « Fight Night », s’est déroulée comme un hommage vibrant à la scène nocturne londonienne, celle qui pulse avec la liberté d’expression mais qui, aujourd’hui encore, lutte pour sa survie. Le créateur a choisi un ring de boxe comme toile de fond, où ses muses se sont livrées à une chorégraphie brutale, mêlant art et résistance. Un véritable combat sur scène, un cri de défiance lancé contre les hostilités mondiales qui s’abattent sur les identités queer, trans, gays, et immigrées. À travers ce spectacle, Charles Jeffrey a mis en avant la bravoure, l’audace et la créativité qui naissent dans un environnement hostile, une célébration de la liberté face à l’oppression.
Loin des conventions et des recherches prédéfinies, Jeffrey a choisi de créer cette collection à partir de ses émotions et de ses esquisses, sans compromis, avec l’intention de livrer une vision personnelle et politique de la mode. « I Am a Product » se veut une réflexion sur la manière dont la mode est souvent réduite à un produit jetable, à une consommation sans âme, et sur le traitement des créateurs comme de simples pions dans une industrie qui, bien que bruyante, manque souvent de véritable soutien artistique.
Les pièces qui composaient cette collection étaient à l’image de la lutte, de la déconstruction et de l’audace. Les pulls kaléidoscopiques, les blazers en satin rayés, les maillots contournés et les pantalons amples, portaient en eux l’ADN de LOVERBOY : un mélange éclatant de la flamboyance du spectacle et de la réalité brute de la rue. L’une des collaborations les plus marquantes de cette saison, celle avec Pornhub, a donné naissance à des tops transparents moulants, des tanks graphiques et de la lingerie en tricot, des pièces qui ne se contentent pas d’être vues mais qui s’affirment comme un acte de provocation.
Cette collection représente le délicat équilibre auquel chaque marque contemporaine de mode doit faire face : allier art et récit, tout en restant accessible et portable, une alchimie parfois difficile à atteindre mais nécessaire pour toucher un large public. La mode, ici, devient un langage qui parle aussi bien aux corps qu’aux consciences.
Le défilé de Charles Jeffrey Loverboy a ainsi su fusionner art, politique et mode d’une manière inédite, créant un moment aussi puissant que poignant dans l’histoire de la mode queer. C’est un acte de résistance, un manifeste visuel où la mode devient une forme d’expression radicale, une rébellion contre la normalisation et une affirmation inébranlable de l’identité.