En pleine tournée des festivals européens, Naaz était à Paris pour un concert intimiste au Pop-Up du Label. Quelques heures avant, nous avons rencontré l’artiste d’origine kurde qui vient de sortir son premier EP ‘Bits Of Naaz’. Pleine de fraîcheur et spontanéité, elle s’est confiée sur sa jeune carrière, ses influences et ses projets à venir.
Si tu devais résumer ton univers musical en quelques mots ?
C’est un mélange de plusieurs genres. En gros, c’est de la musique qui reflète mes goûts. Je mets vraiment tout ce que j’aime comme sonorités dans mes chansons. Je m’inspire aussi des sons que j’entends au quotidien ; je les utilise parfois en sample. Les titres qui constituent mon EP ont d’ailleurs, pour la plupart, été enregistrés avec mon iPhone. Ça montre que même avec peu de moyens, tout est possible.
A l’origine tes parents ne voulaient pas que tu deviennes chanteuse…
C’était dur. Il y a quelques années ils ne me soutenaient pas du tout, et étaient même contre cette idée. Mais j’ai procédé étape par étape, et petit à petit ils se sont familiarisés avec mes envies. Ça m’a pris beaucoup de temps de faire comprendre à mon entourage que je voulais exercer ce métier. Je suis issue d’une famille kurde et donc la culture est complètement différente. C’est pourquoi ça leur semblait étrange de prime abord.
Comment s’est passée ta collaboration avec Yellow Claw en 2015 ?
J’ai partagé un teaser de mon travail sur Instagram et j’ai été repérée par MC Bizzey (un ancien membre du groupe). Il s’est abonné à mon compte et m’a proposé d’écrire pour eux. A l’arrivée, j’ai composé, en à peine une semaine, deux titres qui figurent sur l’opus.
Après ce duo, tu as mis presque deux ans avant de sortir des inédits. Pourquoi un break aussi long ?
Je voulais vraiment découvrir mon propre style, et non pas uniquement surfer sur le succès de mon featuring avec Yellow Claw. En somme, savoir qui je suis vraiment avant de m’exposer publiquement. Je devais aussi être prête psychologiquement avant d’intégrer l’industrie du disque. C’était important pour moi de dépasser ma timidité, et d’être capable de monter sur scène. En résumé, il fallait que je grandisse un peu avant de me lancer.
Comment as-tu rencontré Soulsearchin, qui a participé à la production de ton EP ?
J’ai envoyé plusieurs maquettes à des professionnels de la musique aux Pays-Bas, et de fil en aiguille, j’ai fait la connaissance de Soulsearchin. […] Pour le deuxième EP, je vais m’entourer d’autres personnes. Si au départ je me suis autoproduite, c’était par manque de choix. Avant je travaillais seule dans ma chambre. Maintenant je me suis émancipée, j’ai quitté mon cocon. En marge de la production, je peux désormais me concentrer sur l’écriture et les émotions que je veux transmettre au public.
Tu assuré la première partie d’Arcade Fire à Rotterdam…
A l’origine, il était prévu que je joue à Paris le même soir où Arcade Fire se produisait aux Pays-Bas. Mon concert en France a finalement été reprogrammé. J’étais donc libre de chanter en première partie du groupe. Ce sont les artistes les plus sympas que j’ai rencontré jusqu’à maintenant. Ils sont tellement populaires, mais restent humbles malgré tout. C’est assez paradoxal, et j’aime ça !
Tu sembles être une grande fan de Kanye West, et tu as même repris ‘Ultralight Beam’ …
Spotify m’a proposé de faire une reprise d’un artiste de mon choix. J’ai immédiatement choisi ‘Ultralight Beam’ de Kanye West. C’est vraiment ma chanson préférée, tous genres confondus. Je l’écoute en boucle, à tel point que je l’interprète même lors de mes concerts. […] Si je devais reprendre un autre de ses morceaux, ce serait ‘Runaway’. D’ailleurs ‘Pretty’ qui figure sur l’EP est justement inspiré de ce single.
Tu prépares actuellement un deuxième EP, mais à quand un album ?
Je ne me connais pas encore assez bien. Je suis d’humeur très changeante car je suis encore en train de grandir. Les formats comme les EP permettent d’illustrer qui je suis à un instant T. Je vois mes projets comme des ‘livres audio’. Ça illustre aussi mon évolution. Je me suis lancée dans la musique vers 17 ans, j’étais encore petite. Maintenant j’ai 20 ans, j’ai grandi, et ça se ressent ! Je me redécouvre sans arrêt. Je ne veux surtout pas faire la même chose inlassablement. Au contraire, je cherche à développer de nouvelles idées. Et pour ce qui est de l’album je préfère donc encore attendre un peu. »
Photos : Pierre Pomonti