Alors que toute cette effervescence liée à la Fashion Week est derrière nous, le débat ne fait que continuer. Après avoir présenté sa première collection pour Céline (CELINE) la semaine dernière, Hedi Slimane a pris le temps de répondre aux critiques.
Show le plus attendu de la semaine, si ce n’est de l’année, Hedi reste fidèle à l’esthétique développée chez Saint Laurent (il l’avait promis) et tient visiblement sa parole. Obsédé par le Paris nocturne des années 80, ce sont 96 looks qui défilent devant nos yeux. Dès le lendemain, les critiques sont d’une violence rare et les réseaux sociaux s’emballent. Petite dédicace à l’instagram @oldceline.
‘Céline était pour les femmes et non pas une image décadente des femmes. Maniéré et infantilisant sans aucune diversité’, déclare le New York Times.
Lors de l’émission ‘5 Minutes de Mode‘ du journaliste Loïc Prigent, on retrouve un florilège des critiques présentent dans les médias, notamment celle du Hollywood Reporter qui l’appelle ‘Le Donald Trump de la mode‘ ou encore The Business of Fashion (BoF) qui qualifie la collection de ‘film d’horreur‘ ou encore de ‘rafale de masculinité toxique‘. Heidi Slimane prend les devants face à cette marée de critiques et répond aux questions de Loïc.
Qui est la femme CELINE et l’homme CELINE ?
‘Je ne sais jamais quoi répondre. Femmes et Hommes, peu m’importe, je n’ai pas de définition spécifique. J’aime la liberté de ton, l’énergie pure, les personnalités fortes et assumées. Et surtout la plus grande légèreté, surtout pas de rabat-joie.’
Que pensez-vous des réactions parfois très violentes à votre défilé CELINE ?
‘C’est toujours très décalé et j’ai toujours l’impression qu’on parle de quelqu’un d’autre’ déclare Slimane. Du reste, l’esprit de défilé était léger et joyeux mais la légèreté et l’insouciance en mode sont aujourd’hui remises en question. ‘J’ai déjà vécu cela chez Saint Laurent. Il y a la politique, les conflit d’intérêts, les coteries, une posture prévisible mais aussi des exagérations stupéfiantes de conservatisme et de puritanisme. La violence c’est l’époque. L’esprit démagogique des réseaux sociaux qui sont pourtant un outil communautaire formidable. Il n’y a plus aucune limite. La haine est relayée et prend le dessus. Ce défilé était particulièrement exposé.’
‘Vu des Etats-Unis ou d’Angleterre, il s’agissait ici d’être scandalisé par mes robes courtes du soir. Les femmes ne seraient donc plus libres de mettre des minijupes si elles le souhaitent. Les comparaisons à Trump sont opportunistes, assez audacieuses et plutôt comiques, juste parce que les jeunes femmes de mon défilé sont libres et désinvoltes. Elles sont libres de s’habiller comme elle l’entendent.’
‘Pour certains en Amérique, j’ai aussi le mauvais goût d’être un homme qui succède à une femme. Il pourrait y avoir là et indirectement un sous-texte d’homophobie latente assez surprenant. Un homme dessinant des collections pour femme, est-ce un sujet ? Au bout du compte tout cela est une publicité inespérée pour cette collection. On en espérait pas tant. Cela cristallise surtout une forme d’anticonformisme et la liberté de ton si française chez CELINE.’