Paris, le 29 septembre 2025, 20h passées. À la Fontaine du Trocadéro, la Tour Eiffel scintille, Madonna s’installe au premier rang aux côtés de Lourdes, Hailey Bieber et Zoë Kravitz jouent les muses contemporaines, et une armée de massifs d’hortensias blancs dissimule un secret : le logo YSL, révélé par un drone. À peine dévoilé, déjà culte.
Anthony Vaccarello, qui n’a jamais caché son goût pour les décors spectaculaires, rejoue ici son obsession première : inscrire Saint Laurent dans la nuit parisienne, son mystère, ses libertés, ses excès. Et c’est bien plus qu’un simple défilé : un film en plein air, une célébration du sexe, du pouvoir et de la beauté.
Acte I : Cuir, lavallières et Mapplethorpe
Le show s’ouvre avec des silhouettes noires, serrées, puissantes : tailleurs en cuir, jupes crayons, blousons de motard et chemisiers blancs à lavallière XXL. Le tout porté sur talons aiguille. Vaccarello cite Robert Mapplethorpe, ses portraits crus et ses mises en scène de cuir, comme fil rouge. Ici, pas de fragilité. Les femmes avancent comme des amazones BDSM, aristocrates un peu louches, dominatrices assumées. Saint Laurent, version underground.
Acte II : Trenchs, nylon et Rive Gauche
Puis la collection bascule dans une autre énergie. Les mannequins apparaissent en trenchs légers, robes droites, tissus parachutes colorés. Des allures qui rappellent la ligne Rive Gauche des années 60, cette révolution du prêt-à-porter féminin qui offrait liberté et légèreté.
Vaccarello tord ce souvenir à sa manière : les coupes sont modernes, moulantes, presque sportives, mais l’attitude reste nonchalante, mystérieuse. Une réponse à l’air du temps, où la femme Saint Laurent refuse d’être réduite à l’image sage et rétrograde que certains aimeraient lui coller.
Acte III : Princesses effrontées
Clou du spectacle : des robes dramatiques, volumineuses, presque historiques. Les références ? Marcel Proust, Sargent, Marie-Antoinette. Mais filmées à la vitesse d’un clip musical. Le tissu technique remplace les soies traditionnelles, et les silhouettes filent à toute allure, robes gonflées flottant derrière elles. Pas de mièvrerie, mais une ironie assumée. Des princesses modernes, effrontées, libres.
Une ode à la complexité féminine
Au fil du défilé, une même femme se métamorphose : dominatrice cuir, muse légère en trench nylon, héroïne romantique en robe XXL. Vaccarello brouille les pistes et rappelle que la femme Saint Laurent n’est jamais docile. Elle incarne à la fois le fantasme, l’insolence et l’inattendu.
Paris, la nuit, et Saint Laurent
Sous la Tour Eiffel, Vaccarello réaffirme ce que l’on sait déjà : la maison Saint Laurent est indissociable de la nuit parisienne, de ses contrastes et de son impertinence. À travers ce défilé printemps-été 2026, le créateur belge signe une partition triptyque, où cuir, nylon et fleurs dramatiques s’entrechoquent pour donner corps à un mythe : celui d’une Parisienne insaisissable, fatale, impossible à enfermer dans une seule image.
Les looks du défilé Saint Laurent printemps-été 2026